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a. Musique et cinéma expérimentaux : le multisensoriel et le multimodal

Depuis l’avènement de la musique visuelle de Hans Richter (1888-1976) ou de Viking Eggeling (1880-1925) jusqu’aux films hybrides les plus contemporains, en passant par la pratique du found footage et du cinéma structurel, la rencontre entre cinéma, documentaire et formes sonores expérimentales a redéfini les cadres traditionnels de la narration audiovisuelle. En intégrant des textures sonores atypiques, des structures non linéaires et des espaces d’indétermination, ces pratiques croisées interrogent les rapports entre son et image, modifient la perception du spectateur et proposent de nouvelles formes d’expression artistique.

Quelles influences réciproques s’opèrent entre la fiction cinématographique, le documentaire et les formes sonores expérimentales ? En quoi les musiques expérimentales ont-elles transformé les pratiques cinématographiques ? Dans quelle mesure ces sonorités non conventionnelles influencent-elles la perception du temps et de la durée au cinéma ? Assiste-t-on à une véritable co-création du sonore et de l’image dans les films qui adoptent ou génèrent des musiques dites expérimentales ?

Extrait de Symphonie Diagonale, film expérimental de Viking Eggeling (1923), reconstitué par Hans Richter. En 2007, Olga Neuwirth a composé une bande sonore pour accompagner l'œuvre.

b. Archive et patrimonialisation des musiques de film

La musique de film n’a suscité l’intérêt de la musicologie que de manière relativement récente. Ce domaine connaît, depuis quelques décennies, une véritable expansion en tant que champ d’étude, particulièrement en France, où il fait l’objet d’approches méthodologiques variées et en constante évolution (Huvet, 2016). Cependant, un problème récurrent persiste dans la recherche en musique de film : les archives, tant musicales (partitions) que sonores (rushes d’enregistrements), restent souvent difficiles d’accès. Ces obstacles ont conduit, ces dernières années, à des initiatives visant à protéger, sauvegarder et progressivement rendre accessibles des fonds essentiels pour l’étude de l’histoire musicale de la musique de film. Parmi ces projets, on peut citer la plateforme des Archives Misraki (AMU CNRS / SATT Sud-Est / IDEAS / PRISM / PASSAGE XX-XXI Lyon 2), les Archives Maurice Jarre (Association Jean Vilard / Wyoming University), ainsi que le Fonds de dotation Marcel Pagnol (IDEAS / CNRS / SATT Sud-Est). Dans ce contexte, la musicologie, grâce à ses outils analytiques, propose une approche singulière de la production cinématographique (Rossi, 2021). Cette discipline bénéficie également des progrès des technologies numériques, qui facilitent le repérage et l’analyse des données. L’interdisciplinarité entre arts et sciences, en particulier entre la musicologie et les sciences du son, offre sans nul doute des perspectives inédites et prometteuses pour l’étude de ces corpus.

Des propositions de communication sont attendues dans ce cadre, pouvant inclure la présentation de fonds spécifiques, l’exploration de techniques d’archivage, ou encore des analyses musicales et multimodales (par exemple, via l’intelligence artificielle ou des approches analytiques novatrices — Couprie, 2018). Il est également possible d’aborder la question centrale du processus de création à travers des études comparatives portant sur les régimes partitographiques et phonographiques (Rossi, 2021). Enfin, les problématiques liées à l’interprétation et à la reconstruction de corpus musicaux sont également les bienvenues.